L’ordre national du Mérite scientifique a été créé au Brésil en 1992 afin de récompenser les auteurs des plus importantes contributions à la science et à la technologie. Recevoir cette distinction, l’une des plus hautes du pays, est un honneur.
Vingt et un scientifiques ont pourtant refusé, samedi 6 novembre, de se voir remettre leur prestigieuse médaille. Ils protestent contre le choix du président brésilien, Jair Bolsonaro, d’avoir effectué une coupe dans la liste des récipiendaires de cette distinction. Le président d’extrême droite avait en effet désigné vingt-cinq personnes, avant de retirer, deux jours plus tard, deux éminents scientifiques de cette liste.
L’un d’eux est Marcus Lacerda, qui a réalisé l’une des premières études sur l’inefficacité de la chloroquine contre le Covid-19, pourtant longtemps préconisée par M. Bolsonaro pour lutter contre la maladie. L’autre est Adele Benzaken, qui a été renvoyée de la tête du département chargé du VIH-sida du ministère de la santé brésilien lorsque M. Bolsonaro est devenu président, en 2019.
Un « acte de protestation qui nous attriste »
« C’est une nouvelle démonstration claire de la persécution des scientifiques », ont écrit dans une lettre ouverte les vingt et un protestataires, qui ont en outre dénoncé « une stratégie d’attaque systématique de la science et la technologie » de la part de l’actuel gouvernement brésilien.
Par « cet acte de protestation, qui [les] attriste », ces scientifiques disent exprimer leur « indignation face à la destruction du système universitaire brésilien, et de la science et de la technologie en général ».
M. Bolsonaro a fait l’objet de sévères critiques de la part de la communauté scientifique pour ses coupes dans le budget de la recherche et de la technologie, son rejet constant des résultats scientifiques et la propagation de fausses informations, notamment en ce qui concerne le Covid-19.
Le président, outre son appel au recours à la chloroquine pour traiter cette maladie, malgré les preuves de son inefficacité, a par ailleurs ignoré les recommandations des experts concernant l’utilisation de masques de protection ou le confinement pour contenir l’épidémie.
Dans un entretien avec l’Agence France-Presse, Mme Benzaken s’est dite « extrêmement honorée » par la décision de ses collègues face à ce qu’elle a qualifié de traitement « peu élégant » du gouvernement à son égard et à l’égard de son collègue M. Lacerda. « C’était le plus grand honneur de tous », a-t-elle ajouté.
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