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Il a un sourire d’ange, un corps d’Apollon et des cuisses d’acier. Avec sa bouille d’éternel garçon, cet athlète, fait de chair et de fibre de carbone, n’a jamais été comme les autres : depuis toujours, il court sans jambes. Né sans péronés et amputé en dessous des genoux à l’âge de 11 mois, Oscar Pistorius n’a eu de cesse de vouloir défier, avec la grâce de ses fines prothèses, les plus grands sprinteurs de la planète.
Le Sud-Africain se fait connaître lors des Jeux paralympiques d’Athènes, en 2004, en remportant le 200 mètres et en finissant troisième sur le 100 mètres dans la catégorie réservée aux amputés d’une jambe. A 17 ans, « Blade Runner », son surnom, n’a pas de temps à perdre. Il fait sienne la devise olympique : « Citius, altius, fortius ». Il annonce son désir de participer aux Jeux de Pékin, en 2008, avec les… valides : toujours « plus vite, plus haut, plus fort ».
Mais la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) ne partage pas le même enthousiasme qu’Oscar Pistorius. Elle se demande si ses prothèses en forme de ressort ne lui donnent pas un avantage sur ses adversaires. Pour l’instance dirigeante, c’est oui : les lames restitueraient 30 % d’énergie en plus que le pied d’un coureur valide. « Même s’il se comporte comme un homme qui n’a pas de handicap, nous avons été obligés de vérifier ses jambes artificielles », avait justifié Lamine Diack, son président.
Le Sud-Africain ne laisse pas faire et saisit le Tribunal arbitral du sport, qui lui donne raison. Pour l’instance internationale, l’IAAF n’a pas apporté la preuve formelle que les « jambes artificielles » en carbone produisent de l’énergie. L’athlète va toutefois échouer pour 70 centièmes à se qualifier pour les JO de Pékin. Aux Jeux paralympiques, il s’impose sur le 100 mètres, le 200 mètres et le 400 mètres.
« La chose la plus rapide sans jambes »
Son histoire émerveille le public et Oscar Pistorius, charismatique et belle gueule, devient très vite une attraction médiatique. Les sponsors se bousculent pour « signer » la nouvelle icône du sport mondial qui amasse des millions de dollars.
Le Sud-Africain affole également les chronos : à ses débuts en 2004, il courait le 400 mètres en un peu moins de 50 secondes, sept ans plus tard, son record est de 45’’07. Un temps qui lui permet de se qualifier pour les Championnats du monde de Daegu, en Corée du Sud, en 2011, avec les valides. Il réussit à atteindre les demi-finales du 400 mètres et remporte la médaille d’argent du 4 x 400 mètres.
Oscar Pistorius, qui se présente comme « la chose la plus rapide sans jambes », n’a pas abandonné son rêve de participer un jour aux Jeux olympiques des valides. Et in extremis, sa fédération le sélectionne pour défendre les couleurs de l’Afrique du Sud à Londres en 2012. La consécration.
Oscar Pistorius marque un peu plus encore l’histoire de sa discipline même s’il n’est pas le premier athlète handisport à concourir à des JO. Il termine dernier de la demi-finale du 400 mètres, et remporte deux autres médailles d’or aux Jeux paralympiques. Mais l’essentiel est ailleurs : le sprinteur est devenu un symbole de résilience. Et pas seulement…
Son côté « cyborg », mi-athlète mi-robot, pousse les scientifiques à se poser une question d’ordre métaphysique : « L’homme est-il fini ou infini ? », comme l’a fait remarquer Christophe Brissonneau, sociologue du sport. En un siècle, l’être humain a atteint 99 % de ses capacités physiques. Seule la technologie peut aider à repousser encore les limites des performances athlétiques, a pu expliquer Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche biomédicale d’épidémiologie du sport (Irmes), qui philosophe : « Mais l’homme n’est pas figé dans un calcul mathématique : il évolue, il grandit. ».
Mais le destin doré du champion va subitement prendre une autre tournure. Le 14 février 2013, à Pretoria, Oscar Pistorius tue de quatre balles, en cette nuit de Saint-Valentin, sa compagne de 29 ans, Reeva Steenkamp, qui s’était enfermée dans les toilettes. L’athlète plaide la confusion, jurant qu’un cambrioleur s’était introduit dans sa propriété et qu’il avait tiré sous le coup de la panique.
S’ensuit un long feuilleton judiciaire, une succession de procès et de rebondissements qui vont tenir en haleine les tabloïds du monde entier. Oscar Pistorius est d’abord condamné à cinq ans d’emprisonnement pour « homicide involontaire », avant que les faits ne soient requalifiés en « meurtre » par la Cour suprême. A la barre, l’athlète déchu tente de jouer la carte de l’émotion, retirant ses prothèses et marchant tête baissée en pleurs, sur ses moignons. En novembre 2017, à l’âge de 31 ans, le sextuple champion paralympique est finalement condamné à treize ans de prison.
Sommaire de notre série « Ces Africains qui ont fait les JO »
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