Reportage« L’autre Japon » (4/6). Souhaités dans un pays qui manque de main-d’œuvre, les « nikkeijin », venus notamment du Brésil pour travailler à l’usine, sont pourtant encore souvent mal perçus par la société nippone.
Les fenêtres ouvertes sur des arbres masquant avec peine d’imposantes barres de béton fatigué offrent un courant d’air salutaire. En ce mois de juillet, le centre communautaire de la cité Homi Danchi, au sein du quartier Homigaoka de la ville de Toyota, dans le centre du Japon, accueille une réunion de l’association Torcida (« soutien » en portugais).
Dans la petite salle aux murs sombres couverts de calendriers, d’une affiche bleue des Buffaloes, l’équipe de baseball locale, et d’une calligraphie des caractères signifiant « effort », six mères de famille brésiliennes d’origine japonaise, des nikkeijin, discutent en portugais des activités de l’été avec Kyoe Ito, la présidente de l’association qui les aide dans leur vie quotidienne et donne des cours de japonais à leurs enfants.
Inscrites sur des pense-bêtes de couleur, les idées s’alignent sur un tableau. Dans la catégorie « viagen » (« voyage »), il y a l’idée d’un séjour à Okinawa, au sud du Japon, qui fait beaucoup rire et suscite des blagues sur les après-midi à la plage. Pour estuder (« étudier »), certaines suggèrent de monter une petite pièce de théâtre. Le dynamique Igor Akihito Kondo, unique bilingue présent, joue les interprètes. On se met d’accord. Il y aura un feu d’artifice le 14 août et une journée capoeira le 28.
L’heure du déjeuner approche. On range et on s’égaille. « Il faut tout remettre en ordre. Nous ne sommes pas forcément bienvenus dans le centre. Longtemps, nous n’avons pas pu y accéder », explique Mme Ito. Normalement ouvert à tous, le centre ne laissait, jusqu’à récemment, ses locaux qu’à la disposition des Japonais, comme un exemple des difficultés rencontrées par les immigrés au Japon, souhaités dans un pays où la main-d’œuvre manque mais tenus à distance en raison d’une supposée difficulté à s’adapter à une société qui se perçoit encore ethniquement homogène.
Cohabitation tendue
En 1989, le Japon vit une période de forte croissance. Le vieillissement de la population et les premiers déficits de travailleurs, conséquence du déclin de la natalité amorcé dans les années 1970, incitent le gouvernement à accorder des visas à des personnes non qualifiées. Il les réserve aux descendants des paysans pauvres japonais, encouragés dès 1908 par le gouvernement à émigrer en Amérique du Sud, principalement vers le Brésil et le Pérou. Beaucoup de ces nikkeijin saisissent l’occasion : ils étaient 4 000 en 1990, ils sont aujourd’hui 220 000 dans l’Archipel.
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