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Friday, October 29, 2021

Voile : après un coup de tabac et des controverses, retour à la course pour la Mini-Transat

Le jeune skippeur allemand Melwin Fink est âgé de 19 ans. Le jeune skippeur allemand Melwin Fink est âgé de 19 ans.

C’est dans une atmosphère encore quelque peu agitée que la flotte de la Mini-Transat a pris, vendredi 29 octobre à Santa Cruz de La Palma (Canaries) à 16 heures (heure de Paris), le départ de la seconde étape, direction Saint-François, en Guadeloupe, point d’arrivée final. Le front actif qui, au large de la Galice lors de la première étape, le 2 octobre, avait fondu sur les concurrents de la course transatlantique à la voile s’est certes dissipé depuis un moment. Mais ce coup de tabac a laissé des traces.

L’audace – ses contempteurs diront l’inconscience – dont a fait preuve à cette occasion le jeune skipper allemand Melwin Fink (19 ans), à bord du voilier SignForCom, en continuant sa course quand ses concurrents ont fait le choix de se mettre collectivement à l’abri et, surtout, la décision du jury international d’accorder une bonification horaire à tous ceux qui avaient fait une pause ont suscité des polémiques.

L’épisode semble, à lire les commentaires sur les réseaux sociaux, avoir mis à mal l’« esprit Mini », qui longtemps a été le ciment de cette classe considérée, pour qui souhaitait faire carrière, comme l’un des plus beaux tremplins pour la course au large.

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Tout a commencé lorsque le gros de la flotte, qui se trouvait dans la zone du cap Finisterre, a reçu un BMS (bulletin météo spécial) de la direction de course. « Un front était attendu avec du vent de 35-40 nœuds et une mer de sud-ouest de 3,50 à 4 mètres », soulignera le directeur de course, Denis Hugues, qui garde en mémoire plusieurs disparitions de marins ayant endeuillé la course au cours de son histoire.

La majorité des bateaux a alors tiré la barre pour se mettre à l’abri et reprendre la mer une fois le coup de tabac passé. Mais Melwin Fink, lui, a poursuivi sa route et remporté la première étape avec dix-neuf heures d’avance, s’installant aux commandes dans la catégorie des bateaux Série.

Fragile leadership de Fink

Il expliquera avoir compris le message de prévention, cherchant à se mettre à l’abri au sud de Porto, mais, trouvant les conditions maniables, avoir décidé de continuer, « surpris » que la flotte se mette à l’abri : « J’ai navigué sans prendre de risques, à l’écoute de mon bateau », expliquait-il, jeudi, au Monde. Plusieurs concurrents ont déposé des réclamations et saisi le jury international, qui, le 20 octobre, a décidé d’attribuer une bonification de vingt-quatre heures à 80 skippeurs.

Les réactions n’ont pas manqué. Les uns jugent cette décision contraire aux « fondamentaux » de la course au large. Certains voient la bonification comme une rétribution indue de « droits d’auteur » à des acteurs qui n’auraient pas écrit leur part du récit en se mettant de façon moutonnière à l’abri.

D’autres frappent du sceau de l’incompétence jury et direction de course, dans un flot de commentaires assez peu amènes. Une minorité juge que le droit a été dit et que le jury est souverain. Sans parler de ceux qui pensent que « la course n’a plus de sens ».

Melwin Fink a conservé sa victoire, mais son leadership est fragile. Il n’a plus qu’une heure et cinquante-deux minutes d’avance sur Hugo Dhallenne (YC-Saint-Lunaire), qui, à la deuxième place, fait figure de grand favori.

« Je souhaite que la paix revienne sur la course »

Sorte d’homme-enfant, le jeune Allemand fait preuve d’une maturité étonnante qui le conduit à bien camoufler ces désillusions. C’est une sorte de Peter Pan, coupe en brosse, sans aucune puérilité mais qui aurait la force des timides.

Il doit en tout cas avoir un bon accordeur de nerfs pour avoir encaissé la publicité autour de son nom ces derniers jours. Il est patient, doux, plutôt souriant, maître de lui et tient à distance ses interlocuteurs. Et déjà assez diplomate : « Je souhaite que la paix revienne sur la course. J’ai pris mes décisions en bon marin, je crois. Ensuite, je ne m’attendais pas du tout à cette victoire. Cela fait simplement dix-huit mois que je m’entraîne à Lorient. »

Il ne manque pas d’humour, peut-être involontaire, à propos de la Classe Mini : « Je ne dirais pas que j’ai trouvé une famille en arrivant en France, mais disons une sorte de communauté. J’étais l’étranger qui ne parle pas le français mais c’était à moi de faire les premiers pas. De me présenter, de dire qui j’étais, quels étaient mes projets. J’ai aussi trouvé de l’entraide. » On n’hésitera pas à parler d’un jeune homme bien éduqué.

La « famille », selon certains témoignages, se serait montrée assez froide à l’issue de la première étape. « Avec mes parents et mon petit frère qui étaient sur place, j’ai préféré m’éclipser quelques jours de l’ambiance de la course en allant à Tenerife. Et surtout, j’ai arrêté de lire les commentaires sur moi qui étaient assez, disons, partagés… »

Etudes de droit

Melwin Fink a suivi enfant son père, qui naviguait l’été en Baltique. Et a pris petit à petit goût au large. Il ne lui déplairait pas à l’avenir, dit-il, de marcher dans les empreintes de son compatriote Boris Herrmann, grand animateur du dernier Vendée Globe.

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Fink vient d’une commune qui jouxte Bielefeld, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il est issu de la bourgeoise intellectuelle : père avocat, mère professeur. Il se dit convaincu de poursuivre son droit et de « pouvoir faire coïncider études et compétition ».

« Pour faire de la voile à haut niveau, il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études en météorologie, ni en sciences dures », dit-il avec ce sérieux qui est le vernis d’une culture germanique qui ne s’écaille pas facilement. L’apprenti juriste n’est en tout cas pas plaideur : « Si je trouve la décision arbitraire, je ne la commenterai pas d’avantage. Je tiens à préserver la cohésion de la course. »

La Mini-Transat en quelques chiffres

23

Il s’agit de la 23e édition de la Mini-Transat, course au large en solitaire sur des petits bateaux, divisés en deux catégories : les bateaux de série (66 skippeurs) et les protos (24), dont certains équipés de foils.

4 050

Soit, en nombre de milles (environ 7 500 kilomètres), la distance parcourue lors des deux étapes de la course entre Les Sables-d’Olonne, en Vendée, et Santa Cruz de La Palma, aux Canaries (1 350 milles), puis entre Santa Cruz de La Palma et Saint-François, en Guadeloupe (2 700 milles).

90

Ils étaient 90 marins (76 hommes et 14 femmes) à prendre le départ cette année de la course, un nombre record. Le Français Georges Kick, qui a déjà participé à « la Mini » il y a deux ans, est le solitaire le plus âgé : 67 ans. A l’opposé, les deux plus jeunes (l’Allemand Melwin Kink et le Français Basile Bourgnon, fils de Laurent Bourgnon) ont 19 ans seulement.



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