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Près de vingt et un ans après le titre olympique remporté face à l’Espagne (2-2, 5-3 aux tirs au but), Patrick Mboma semble toujours sous le coup de la surprise quand il retrace le parcours des Lions indomptables en Australie. Il est alors, à 29 ans, le plus âgé des internationaux camerounais. La Fédération internationale de football (FIFA) autorise chaque sélection à choisir trois joueurs de plus de 23 ans.
Comme ses quatre compatriotes Pierre Womé, Samuel Eto’o, Mayer Lauren et Geremi Njitap, l’attaquant de Parme (Italie) a remporté six mois plus tôt la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Nigeria. Les Jeux olympiques n’apparaissent donc pas comme un objectif prioritaire.
« Au début de l’année 2000, on pensait à la CAN, et au match amical programmé le 4 octobre contre la France, qui était championne du monde 1998 et qui allait devenir championne d’Europe en juillet ! Alors, les JO, on y allait sans ambition particulière, car on savait qu’il y avait plus fort que nous. J’étais un peu en mode touriste. J’avais d’ailleurs acheté un appareil photo numérique, un outil encore assez rare à l’époque », se souvient-il aujourd’hui.
Les Camerounais, placés au premier tour dans un groupe où figurent également les Etats-Unis, le Koweït et la République tchèque, sont d’abord loin de Sydney. Ils jouent leurs matches à Brisbane et à Cambera, ce qui les prive de la cérémonie d’ouverture. « Nous n’avions pas vraiment l’impression de participer aux JO », explique Patrick Mboma. Les Lions, après avoir battu le Koweït (3-2) et accroché les Américains (1-1), se qualifient pour les quarts de finale grâce au match nul (1-1) obtenu face à des Tchèques malchanceux.
Mais une fois le nom de leur adversaire connu – le Brésil –, nombreux sont ceux qui prédisent déjà la fin de l’aventure australienne pour l’équipe entraînée par Jean-Paul Akono, le sélectionneur. « Pour tout le monde, le Brésil était le grand favori. J’ouvre le score, le Brésil égalise à la fin du match, et on joue la prolongation à neuf contre onze, puisque deux de nos joueurs, Geremi Njitap et Aaron Nguimbat, avaient été expulsés : on se dit que c’est mission impossible. Mais le Brésil se voit refuser un but qui semble valable, et on gagne (2-1), grâce au but en or (113e) », se souvient Patrick Mboma. « Quand Modeste Mbami marque, on ne savait même pas que nous venions de nous qualifier, car notre coach ne semblait pas être au courant que la règle du but en or s’appliquait. », ajoute-t-il.
« Hamburgers et frites »
S’ils veulent voir Sydney et son village olympique, les Camerounais savent qu’ils doivent atteindre la finale, et donc éliminer le Chili en demi-finale, à Melbourne. Akono décide de titulariser le gardien Carlos Kameni, âge de 16 ans seulement, mais qui dégage une étonnante maturité. Le Chili, qui ouvre le score à douze minutes de la fin, perd complètement les pédales en fin de match, permettant à Patrick Mboma puis à Lauren d’envoyer les Lions en finale contre l’Espagne, le 30 septembre.
« On a alors découvert le village olympique. Le bâtiment que nous occupions était à cinquante mètres d’un McDonald’s. Certains joueurs ont un peu forcé sur les hamburgers et les frites, ce qui n’est pas idéal avant une finale ! », ajoute, amusé, l’ancien attaquant.
Le jour J au Stade Olympique et devant 114 000 spectateurs, les Camerounais souffrent le martyr en première mi-temps, dépassés par la vivacité des Espagnols. A la mi-temps, l’Espagne mène 2-0 et le vestiaire des Lions est gagné par la morosité. Jean-Paul Akono semble résigné, mais Patrick Mboma, en bon leader, remobilise les troupes. « J’ai dit que si l’Espagne avait marqué deux fois, on pouvait le faire ! »
Et, en cinq minutes (53e et 58e), les Camerounais reviennent au score (2-2), grâce notamment à un but du jeune Samuel Eto’o, avant de s’imposer lors de la séance de tirs au but (5-3) face à des adversaires trop sûrs d’eux. « Nous n’avions pas la meilleure équipe sur le papier, mais il y avait cette solidarité, nous n’avions peur de rien. Et la chance était avec nous », admet Patrick Mboma.
Les Lions auront à peine le temps de fêter la première médaille d’or de l’histoire du Cameroun. Plusieurs joueurs prennent le premier avion pour Paris, où la sélection A du pays doit affronter la France, le 4 octobre, à Saint-Denis. Patrick Mboma lui-même inscrira face aux Bleus un but devenu mythique (1-1). « Quelques semaines plus tard, nous avons été invités à Yaoundé par le président Paul Biya pour célébrer l’événement. Cela manquait un peu de spontanéité, mais on n’avait pas pu s’y rendre plus tôt à cause de la reprise des championnats européens. Cette médaille d’or nous a permis une reconnaissance internationale. » Et surtout inattendue !
Sommaire de notre série « Ces Africains qui ont fait les JO »
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