FRANCEINFO – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE
« Ça va, les chevilles ? » La question peut paraître lourdaude lorsqu’elle est adressée à un sportif amputé d’une jambe. Les courts entretiens menés avec humour et intelligence par le journaliste Djamel Mazi auprès de douze athlètes paralympiques, et regroupés au sein de la mini-série Incassables, montrent, au contraire, que les intéressés y voient une banalisation bienvenue de leur différence.
Djamel Mazi n’évite pourtant aucun sujet, face à Sonia Heckel, triple championne de France de boccia (une variante de la pétanque), Mathieu Bosredon, handbiker arrivé au pied du podium à Rio, en 2016, ou Dimitri Pavadé, vice-champion du monde de saut en longueur handisport en 2019, à Dubaï. A chacun il demande comment il s’est retrouvé en situation de handicap, comment il s’est reconstruit… Jusqu’à la question rituelle : « Etes-vous incassable ? »
Le décor même de l’interview constitue un message : une salle où flottent des prothèses suspendues pour Dimitri Pavadé, prothésiste ; un Frac, temple des artistes contemporains, pour Gloria Agblemagnon, déficiente intellectuelle et lanceuse de poids, qui identifie le sport à un art ; la tour Eiffel pour Hakim Arezki, champion d’Europe 2019 de cécifoot, parce que le monument symbolise la France, le pays qui lui a sauvé la vie en 2001, après que, lycéen, il a reçu deux balles, dont une dans le crâne, lors d’une manifestation réprimée par la violence en Algérie, son pays natal.
La mise en scène la plus originale revient toutefois à l’entretien mené assis et tout habillé dans une piscine avec Laurent Chardard, 25 ans, vice champion du monde en 50 mètres papillon – après s’être fait arracher un bras puis une jambe par un requin.
Le choix de l’amputation
Les blagues alternent avec les sujets essentiels. Amélie Le Fur, qui préside le Comité paralympique et sportif français, et Stéphane Houdet, multimédaillé en tennis fauteuil et porte-drapeau, expliquent leur choix de l’amputation. « Oui, cela peut surprendre et beaucoup ne franchissent pas ce cap », admet également Alexis Hanquinquant, triathlète trois fois champion du monde, qui a lui aussi préféré être amputé. La parakayakiste Nélia Barbosa parle même d’une renaissance après avoir été amputée à 19 ans.
Tous témoignent encore des vexations subies, que ce soit face à un employeur, comme Laurent Chardard, ou à l’école, comme Sandrine Martinet, médaille d’or en parajudo à Rio et porte-drapeau. Néanmoins, les mentalités progressent, comme le souligne Gwladys Lemoussu, triathlète, médaillée en bronze à Rio, née avec un bras atrophié : « On cache moins son handicap maintenant. On en voit plus à la télé. » Comme lors des Jeux paralympiques, qui débutent à Tokyo le 24 août.
Incassables, de Céline Couratin et Serge Bonafous. Jusqu’au 22 août, à 10 h 15, 14 h 15, 17 h 15 et 20 h 30 en semaine ; à 12 h 15, 18 h 15 et 21 h 35 le week-end (Fr., 2021, 12 x 8 min). En replay sur france.tv/franceinfo.
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