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Prenez une base solide formée par les trentenaires (la capitaine Siraba Dembélé, la gardienne Amandine Leynaud, l’arrière Alexandra Lacrabère), ajoutez les nouvelles cadres (la chef d’orchestre Grâce Zaadi, la patronne de la défense Béatrice Edwige, l’imprévisible Estelle Nze Minko), une pincée de jeunes « pousses » (l’artilleuse Orlane Kanor, la « météorite » Pauletta Foppa, la meneuse Méline Nocandy) et vous avez les ingrédients qui ont permis à l’équipe de France féminine de handball de se hisser en finale de l’Euro à Herning (Danemark), après sa victoire contre la Croatie (30-19), vendredi 18 décembre.
Il faut dire que le sélectionneur Olivier Krumbholz, après dix-neuf années passées à la tête des Bleues, maîtrise la recette du succès (victoires à l’Euro 2018 et aux Mondiaux 2003 et 2017) : puiser dans la richesse de son collectif pour user physiquement ses adversaires. « Olivier fait jouer tout le monde depuis le début de la compétition, c’est comme ça qu’on a gagné des compétitions par le passé », a expliqué, dans le quotidien L’Equipe, l’expérimentée Alexandra Lacrabère après la victoire contre l’Espagne (26-25).
Un avantage sur la concurrence, dans une compétition européenne où les matchs s’enchaînent à un rythme effréné. « A notre époque, il faisait déjà beaucoup tourner son effectif, se souvient l’ancienne internationale Raphaëlle Tervel (1998-2012), aujourd’hui entraîneuse de l’ES Besançon. Peut-être même parfois trop, certaines joueuses disaient ne pas avoir le temps de se mettre dans le rythme. » Philippe Bana, le président de la Fédération française de handball (FFHB), confirme : « Olivier, c’est l’entraîneur qui “consomme” le plus de remplacements. »
« Une équipe comme la France n’a pas de faiblesse grâce à son banc » (Thomas Axner, sélectionneur suédois)
Pour garder un maximum de fraîcheur physique, le technicien messin a donné du temps de jeu à chacune des joueuses, même sur des temps très courts. Une décision qui a pu surprendre mais une prise de risques mesurée au regard des performances des remplaçantes. « Il a le collectif pour se le permettre, il a tellement de marge avec cette équipe », résume Raphaëlle Tervel.
A chacune de ses entrées en jeu, Aïssatou Kouyaté, dont c’était le premier grand championnat, a apporté un surplus de percussion. En concurrence sur son poste – arrière-droit – avec Océane Sercien-Ugolin et Alexandra Lacrabère, la Bisontine a notamment permis aux Bleues de s’imposer sur le fil contre le Monténégro (24-23) lors du tour préliminaire. En fin de match, Kouyaté a inscrit successivement trois buts et provoqué un jet de 7 mètres.
Kalidiatou Niakaté n’est pas en reste. Non retenue à l’Euro 2018, blessée au tendon d’Achille début 2020, l’arrière du Brest Bretagne Handball a su, à 25 ans, faire preuve de résilience. Tranchante contre la Suède (31-25), elle a été élue meilleure joueuse du match (4 buts) en demi-finales face aux Croates (30-19).
« Olivier a gagné en confiance avec ses jeunes joueuses pour les laisser s’exprimer sur le terrain aux côtés des taulières », a expliqué au Monde l’ancienne internationale Nodjalem Myaro, dirigeante de la Ligue féminine de handball.
Avec des joueuses aux profils très différents sur un même poste, les combinaisons offensives et défensives des Bleues sont multiples, au grand dam des adversaires. « Une équipe comme la France n’a pas de faiblesse, a concédé le sélectionneur suédois, Thomas Axner, après la défaite de son équipe (31-25), le 15 décembre. On a joué avec les mêmes joueuses sur le terrain et on l’a payé en seconde, alors que la France a fait beaucoup de rotations. »
Réservoir de joueuses
Le réservoir français paraît aujourd’hui inépuisable. A tel point que l’absence de cadres comme Camille Ayglon-Saurina et Alisson Pineau (520 sélections à elles deux) ne semble pas peser sur le cours du jeu. Pour Philippe Bana, c’est le fruit de « l’usine à championnes de la fédération française de handball ».
Car avant de nettoyer les lucarnes au Danemark, la bondissante arrière des Bleues Orlane Kanor (23 ans) a d’abord appris à exploiter sa détente verticale dans le pôle espoir de Basse-Terre (Guadeloupe), avant de rejoindre le centre de formation du club de Metz et de revêtir la tunique tricolore deux ans plus tard. Un parcours suivi à l’identique par sa coéquipière Méline Nocandy (22 ans), qui assure à l’Euro le relais de Grâce Zaadi au poste de demi-centre.
Une formation par étapes, qu’il est convenu de respecter pour ne pas gâcher le potentiel de la jeune garde. « Pauletta [Foppa] avait déjà en elle un don et un talent qu’il fallait aiguiser pour l’amener au plus haut niveau, explique son entraîneur au Brest Bretagne Handball, Laurent Bézeau. Venir à Brest lui a permis de jouer en Ligue des champions et de se confronter toutes les semaines à des joueuses qui ont le niveau d’un Euro. »
« Timide » à son arrivée dans le groupe peu avant l’Euro 2018, pour reprendre les termes d’Olivier Krumbholz, la jeune pivot « a pris deux ans de maturité sous le soleil de Brest », a ironisé le sélectionneur français en conférence de presse la veille d’en découdre contre la Suède.
Sur les paquets danois, c’est l’amalgame entre des séniores parties se mesurer à la concurrence internationale en Europe centrale et une jeunesse aux commandes du championnat français qui fait la réussite du collectif. « Cet équilibre va faire la différence dans les années à venir », a professé Krumbholz, avant l’Euro.
Au Mondial de 2017 en Allemagne, la profondeur du banc avait permis à la France d’asphyxier la Norvège en finale. Trois ans et trois jours plus tard, la richesse du collectif français pourrait, dimanche 20 décembre (18 heures), de nouveau faire la différence contre l’impressionnante armada scandinave.
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