Enclavé au milieu des tours longilignes du 13e arrondissement de Paris, le discret dojo du Paris-Saint-Germain accueille en ce mois de mars une délégation particulière. Une dizaine de journalistes nippons attendent Teddy Riner, fébriles. L’homme mesure plus de 2 mètres, pèse selon les périodes de 130 à 160 kg et tiendrait difficilement dans l’arrière-cuisine d’un des restaurants du quartier chinois.
Souriant, le colosse adresse un tonitruant « konichiwa » à ses invités. « Je suis venu pour entendre du japonais. Ça fait du bien, ça fait longtemps », lance-t-il. Avant de susciter le rire de l’assistance devant son naturel, déçu de n’entendre que la langue française : « Quels sont les vrais Japonais ? Je veux dire, ceux qui ne parlent que le japonais. » Ce jour-là, Riner cachait pourtant un secret à ses visiteurs, qui n’allait être révélé qu’à deux jours de la cérémonie d’ouverture des JO, le 21 juillet. Une blessure au ligament du genou droit, qui l’a obligé à mettre sa préparation entre parenthèses pendant deux mois. Pas question de montrer une quelconque faiblesse à « ses meilleurs adversaires ».
Entre Teddy Riner et le Japon, la relation est ancienne, teintée d’adversité, de respect et d’amour. Quasi culte, respecté comme l’un des leurs par le public japonais, Riner a noué un lien singulier avec l’Archipel. Comme un deuxième pays, un endroit où il se « verrait vivre sans problème » après sa carrière : « J’aime leur respect des règles, on mange bien, on s’amuse bien. A Tokyo, on ne s’ennuie jamais. » En attendant une éventuelle expatriation, son destin passe une nouvelle fois, vendredi 30 juillet, par le pays du père fondateur du judo, Jigoro Kano (1860-1938).
45 séjours au Japon depuis l’âge de 15 ans
Quelques mois après cette délégation « quasi diplomatique », le double champion olympique rend la pareille à ses honorables visiteurs. Le judoka français n’est pas à Tokyo pour faire du tourisme ou pour s’y entraîner. Cette fois-ci, sur la scène de théâtre du Budokan – la mythique salle martiale tokyoïte –, il s’apprête, à 32 ans, à jouer l’un des rôles les plus importants de sa carrière. Pour ses quatrièmes Jeux olympiques depuis 2008, il part à la conquête d’une autre récompense ultime en + 100 kg, une troisième médaille d’or qui en ferait l’unique égal du judoka Tadahiro Nomura (– 60 kg).
A Paris, à la veille de cette rencontre printanière franco-nippone, l’un des champions olympiques 1992, Toshihiko Koga, venait de mourir. Respectueux, Riner adressait face caméra « ses condoléances à la famille de Koga et au Japon ». De la bienséance, mais pas seulement : le champion connaît par cœur son manuel du judo japonais. Gamin, à la place des footballeurs, les posters des combattants nippons trônaient sur les murs de sa chambre.
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