
PortraitLeader des « South Winners », le plus important des six groupes ultras marseillais, il a su étendre son influence bien au-delà des tribunes. La « paix sociale » passe souvent par cet homme de 50 ans qui se targue d’être devenu incontournable.
Il les « emmerde » tous. Les dirigeants de l’Olympique de Marseille (OM), les enquêteurs parisiens de la police judiciaire, les juges, les voyous, et aussi ce fichu cancer du sang qui le ronge depuis cinq ans. Rachid Zeroual, le leader historique des « South Winners », le plus important des six groupes ultras marseillais, en rit, hurle parfois des insultes, se victimise et menace. « Avec nous, il ne faut ni jouer ni trahir », avertit ce quinquagénaire à la voix rauque. Depuis trois décennies, ce maître des bouillonnants virages du Stade-Vélodrome a dédié sa vie au club. Il a su en tirer profit et éprouvé sa capacité à faire et défaire les patrons de l’OM. « J’ai toujours eu l’intelligence de savoir quand il fallait agir pour faire sauter les présidents », fanfaronne-t-il.
Jacques-Henri Eyraud est le dernier en date. Nommé en 2016 par le propriétaire américain Franck McCourt, l’entrepreneur parisien a d’abord voulu en finir avec ce qu’il appelait « l’OM du chaos, des magouilles, des chroniques judiciaires ». Le monde des supporteurs marseillais s’inscrit parfois dans ce triptyque vénéneux. A coups de déclarations maladroites, Eyraud a donné l’impression de provoquer les ultras, au point de rompre la convention avec un groupe soupçonné de malversations financières et de menaces de dissolutions. Au début, Zeroual a laissé faire. « Il est très affairiste, toujours dans la transaction et joue le voyou pour intimider », glisse un proche d’Eyraud, ce dernier n’ayant pas souhaité s’exprimer.
« Gérer Rachid »
C’est ainsi à Marseille : tout dirigeant de l’OM a eu à gérer « Rachid », à lui concéder des places au stade, des aides financières et des privilèges, à négocier la « paix sociale » sous peine de vivre sous la menace de voir son nom sali dans les tribunes et en ville, puis d’être incité à la démission. « Je suis arrivé avec beaucoup de préjugés te concernant et, quatre ans plus tard, j’ai découvert un homme qui respecte l’institution, ses dirigeants », lui écrit M. Eyraud par SMS le 22 mai 2020. « C’est toujours à la fin qu’ils le reconnaissent », balaie aujourd’hui le chef des « Winners ». Pour lui, le sort du dirigeant était déjà scellé. Six mois après, des affichettes « Eyraud démission », « Eyscraud dégage » apparaissent en ville, des élus se mêlent à la fronde des ultras, La Provence, du groupe Bernard Tapie, multiplie les éditoriaux hostiles. « Eyraud n’a pas assez bu le pastis », résume un de ses proches.
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